Aller en Ethiopie
Après être allés une 1ère fois en Éthiopie en 2006 pour y découvrir le volcan Erta Alé, le site de Dalol, ainsi que la ville de Lalibela et ses nombreuses églises,
nous souhaitions y retourner pour approfondir notre connaissance de cette région nord avec sa culture religieuse si grande, ses habitants si attachants, sa géographie si tourmentée, mais aussi pour voir le sud, les lacs de la vallée du Rift, et les grands parcs nationaux.
Ainsi dans l’automne nous avions entrepris de dessiner notre circuit: le sud avec le P.N. d’Awash, les lacs de Ziway, Langano, Abijata, Shalla, Chamo, les P.N. de Nechisar et Balé et le nord avec comme point d’ancrage la fête de Timkat les 18 et 19 janvier, les villes de Axoum, Gondar, Bahar Dar, Le P.N. du Simien. Un grand tour donc avec des choix difficiles à faire : vouloir pouvoir s’arrêter quand et où on veut, visiter les marchés, voir des animaux, et notamment des oiseaux…. avec malgré tout la pression des dates, les kms à parcourir, avec quel véhicule ?!!! Nous avions du mal a nous mettre d’accord !!
Nous prenions alors contact avec l’agence « géo-découverte » à Genève qui s’est penchée sur notre projet et a conçu pour nous ce qui allait être un voyage magnifique. Il faut dire que Monsieur Luigi CANTAMESSA, son fondateur est peut-être le plus grand connaisseur de l’Éthiopie, qu’il vit et travaille dans et pour le pays depuis plus de 30 ans.
Et vraiment nous ne regrettons pas notre choix car en très peu de temps des solutions ont été trouvées, avec notamment le fait de voir la fête de Timkat ailleurs que dans une grande ville du Nord, ce qui nous permettait d’être « à contre-sens » par rapport aux circuits traditionnels du Nord, avec un vol de liaison Addis / Mekele, tout en gardant le même chauffeur (qui lui devra faire 3 jours de route pour nous rejoindre dans la Gueralta) et la certitude de pouvoir passer suffisamment de temps dans les P.N., même si les trajets seraient longs dans le sud mais les routes sont y très bonnes. Nous sommes donc partis plein d’enthousiasme le 2 janvier pour 28 jours de découvertes.
Nous avons eu la chance, le privilège d’avoir pour chauffeur, guide et très vite complice et ami, Ashelum, véritable puits de connaissances, mère poule, grand négociateur, optimiste invétéré ce qui nous a permis de belles rencontres, de belles découvertes tant pour la faune, la flore, les habitants car depuis près de 20 ans il sillonne ce pays. Nous passerons ainsi avec lui 4 semaines entières tellement enrichissantes et pleines de rires.
Un très très grand merci donc à Ashelum, à Luigi CANTAMESSA qui nous a chaleureusement reçu dans son campement au milieu de la gueralta, ainsi qu’à mesdames ROLLIER et INAUDI-ZENONE qui depuis Genève ont participé à la construction de ce périple.
Parlons tout d’abord de notre découverte du Sud de l’Éthiopie où nous avons passés les 2 premières semaines de notre voyage avec toujours des stops de 2 nuits au même endroit au minimum de façon à prendre notre temps pour apprécier chaque lieu traversé.
Nous avons commencés par aller à la découverte du Parc national (P.N.) d’Awash à l’est d’Addis, sur la route de Djibouti. Ce parc fut au temps du Négus sa réserve de chasse et il est connu également pour les très belles chutes d’eau de la rivière Awash,
ainsi que par les sources thermales qui s’y cachent. Aller voir ces sources d’eau chaude vaut vraiment la peine, car elles sont loin de tout, et qu’on passe d’un milieu sec et aride à une zone très verte avec de grands palmiers, beaucoup d’oiseaux, c’est très sympa.
Comme pour tous les P.N. en Ethiopie le parc d’Awash souffre beaucoup de la pression pastorale avec de très gros troupeaux de vaches gardées par les Afars, de la présence des chiens des bergers qui sont vecteurs de maladies ce qui fait que la faune sauvage est en forte régression. Ce qui n’empêche pas la rencontre avec de beaux spécimens.
Nous rebrousserons chemin jusqu’à Nazareth pour ensuite descendre plein sud, en direction du Kenya le long de la grande faille (le rift africain) à la découverte d’une chaîne de lacs plus ou moins profonds, plus ou moins salins, plus ou moins encaissés .
Le 1er sera le lac Ziway qu’hélas nous négligerons un peu alors que c’est là que nous verrons le plus d’oiseaux, que nous aurons le meilleur contact avec la beauté de ces lacs mais ceci nous ne le découvrirons que plus tard… En tout cas nous recommandons vivement un arrêt prolongé sur ses rives.
Tout au long de la route nous croiserons les charrettes tirées par les ânes des paysans allant ou rentrant des marchés, ces lieux incontournables où toute la vie économique et sociale se passe.
Le lac Langano, ensuite, un peu la piscine d’Addis (car c’est le seul où l’on puisse se baigner sans risques) ne présente pas beaucoup d’intérêt si ce n’est sa couleur chocolat et son beau lodge qui le surplombe et qui offre la possibilité de voir de beaux oiseaux attirés par les arbustes plantés et le gazon bien vert !
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Ensuite viennent les lacs Abijata et Shalla qui, jusqu’à ces dernières années, étaient un paradis pour les ornithologues, mais qui, aujourd’hui, sont beaucoup moins fréquentés par les oiseaux à cause des excès de pompage pour irriguer les champs de coton et autre canne à sucre ce qui a modifié la salinité de l’eau et fait fuir les milliers de pélicans qui peuplaient ces lacs. Seuls les flamants roses sont restés.
Nous découvrirons également au bord du lac Shalla des sources d’eau chaude très appréciées des habitants aussi bien pour la lessive, que pour la cuisine. Sources appréciées également par les troupeaux et la faune sauvage pour ses apports en minéraux.
Ces 2 lacs sont intégrés au sein d’un parc national dont l’entrée est contrôlée par un gardien pas ordinaire…
Comme d’habitude c’est accompagné d’un ranger que nous pourrons y entrer et apercevoir phacochères, gazelles et autres calaos mais pas de grands koudous,ni de hyènes, ni de chacals qui seraient également présents.
Les moissons viennent de finir et nous sommes en pleine période de battage des céréales ; c’est un vrai spectacle que de voir partout des ânes, des bœufs ou des chevaux tournés sur place pour fouler les gerbes, les paysans lancer en l’air les graines pour séparer le son de la graine et cela sans autre bruit que celui des enfants qui jouent autour, des adultes qui dirigent les animaux.
Ce sera ensuite le lac d’Awasa, son coucher de soleil très photogénique,
son grand marché aux poissons. Nous n’aurons pas la chance de voir les pêcheurs rentrer avec beaucoup de poissons mais c’est un vrai spectacle que de voir les innombrables oiseaux se bagarrer pour avoir la meilleure place et gagner facilement un repas!
la ville de Arba Minch sera le terme de notre descente vers le sud de l’Éthiopie. Elle est « coincée » entre 2 lacs: Abaya et Chamo et comme pour toutes les villes actuellement elle est en pleine expansion: les constructions surgissent de partout sans véritable cohérence, les réseaux d’eau potable sont installés ce qui pour nous les touristes est plus source de désagréments qu’autre chose; en tout cas nous n’aurons trouvé aucun intérêt à toutes les villes traversées.
Le lac Chamo abrite de grandes population de crocodiles, d’hippopotames, d’oiseaux pêcheurs de toutes sortes que l’on peut voir d’assez près pour peu qu’on aille se balader en bateau sur le lac, ce que nous ne manquerons pas de faire avec plaisir.
Nous profiterons de cette croisière pour aller marcher un peu, toujours accompagnés d’un ranger, dans le P.N. de Nechisar, dans l’espoir de belles rencontres, mais nous ne croiserons que des troupeaux de zèbres ainsi que quelques gazelles, eux aussi subissant la pression des éleveurs qui ont le droit de pâturer dans le parc !
En rebroussant chemin, non loin de la ville d’Arba Minch nous ferons un crochet par le pays Dorze : ce peuple tisserand construit des huttes particulières, très hautes (jusqu’à 12m)qui ressemblent un peu à la face d’un éléphant mais c’est assez décevant car en fait vous visitez au pas de course un pseudo village exhibition, mais bon…
Autant les villes sont sans intérêt, autant la campagne offre une vision de la vie très spectaculaire. En se rapprochant des hautes terres Oromo on retrouvait les habitats traditionnels, les fermes isolées, le labour avec les bœufs,
et au pied des montagnes de Balé nous nous sommes arrêtés sur le marché de la ville d’Adaba: fabuleux ! Tellement grand, riche de couleurs, de produits de toutes sortes venant de la région: poterie, légumes, ânes…. malgré un accueil assez réservé, parfois un peu hostile, nous avons dû nous faire violence pour le quitter après plus d’une heure à le découvrir. C’est vraiment un marché à visiter !
Et voilà nous étions arrivés à Goba, en plein cœur du P.N. de Balé , un peu notre Graal, ce parc si particulier avec sa flore et sa faune si rares.
Et notre arrivée commençait fort puisque aussitôt après avoir passé les panneaux indicateurs du Parc nous apercevions en lisière de forêt nos 1ers Nyalas!!!! les 2 jours et 3 nuits que nous allions passer ici s’annonçaient bien
Notre 1ere journée fut toute entière consacrée à une randonnée à pied à la recherche des Nyalas aussi bien dans les plaines vallonnées, qu’en forêt et vraiment nous avons vécu de très grands moments ! Ainsi être assis dans l’herbe à moins de 50m d’une antilope qui a le gabarit d’un cerf et qui vous toise de haut, droit dans les yeux c’est quelque chose !
Voir les Nyalas dans les herbes hautes est déjà magique mais quand vous avez la possibilité de les voir se faufiler entre les pins et autres grands arbres en forêt c’est bluffant ! Tout comme peut être la rencontre fortuite avec un phacochère…
Et le lendemain matin en route pour le plateau de Zanetti, à 4000m d’altitude, à la rencontre de cette végétation si particulière, dans un milieu très inhospitalier à cause du froid, de l’altitude, des grands espaces ouverts. Là on peut voir les bruyères arborescentes, les coussins gris argentés des helichrysum, et surtout ces lobélias géants plantés là dans ce désert de pierre rouge c’est magique!
Il y « aurait » environ 500 loups dans le parc de Balé, la plupart sur ce site du plateau de Zaneti ce qui est beaucoup moins qu’une fois puisque cet animal endémique à l’Éthiopie subit en plein la pression des pasteurs et autres éleveurs qui vivent dans le parc et qui, avec leurs chiens, ont introduit un certain nombre de maladies fatales au loup.
Alors à notre question de savoir si on aurait la chance de voir des loups d’Abyssinie, Ashelum répondait que oui bien sur, qu’il suffisait d’ouvrir les yeux, et d’attendre qu’il vienne vers nous !!
Et nous aurons la chance de voir des loups, mais en plus de les voir boire dans une mare ce qui est rarissime, de voir des adultes jouer devant la voiture et surtout de voir débouler devant nous des louveteaux juste sortis de leur tanière ! On n’en revient toujours pas de la chance que nous avons eu !!
A ne parler que du loup il ne faut pas oublier les autres habitants de ce désert avec en premier lieu celui qui est la seule et unique denrée croquée par ce loup : la souris
ni les oiseaux toujours très discrets,
ni le très fuyant oréotrague, cette petite antilope de rochers.
Notre boucle du Sud Éthiopien était terminée et nous laissait bien entendu avec des souvenirs innombrables car en plus de la faune nous avions tout au long de la route assisté à des scènes de vie extraordinaires, nous avions passés des villages magnifiques, nous avions rencontré un peuple pas toujours très facile d’approche, mais un peuple qui marche sur les routes, tout le temps, partout, par centaines ; C’est vraiment le plus frappant : tellement de gens le long des routes qui marchent pour aller au marché, pour aller à l’école, pour aller…….
D’après Ashelum le nord sera très différent : les habitants beaucoup plus sympas car chrétiens et non musulmans, les rencontres plus faciles, les paysages tout autre mais les routes beaucoup plus difficiles car en travaux, en mauvais état. Et puis il y aura la fête de Timkat qui est le souvenir du baptême de jésus et qu’on devrait fêter à la campagne plutôt que dans une grande ville. Donc encore tellement de découvertes à faire……
Alors à tout bientôt pour continuer notre découverte de l’Éthiopie, berceau de la chrétienté.
9 Comments
Magnifique, Patrice ! Ces très belles images m’ont permis de découvrir une autre Éthiopie que je ne connais pas très bien puisque je ne suis pas allée au-delà de 350km au Sud d’Addis.
Claude et toi avez eu la chance de faire de superbes rencontres avec cette faune si riche et la très belle nature. De nouveau, de grands moments d’émotion, j’imagine, que tes commentaires rendent d’ailleurs très bien. Merci de partager avec nous votre enthousiasme, communicatif. Luigi et moi nous réjouissons de découvrir la seconde partie de ton reportage.
Ravie, par ailleurs, d’avoir découvert ce blog qui nous permet de partager vos nombreux périples ! Merci.
Merci de nous faire partager votre beau voyage, vos émotions et vos découvertes, on attend avec impatience la suite…..
superbe que de beaux paysages et de belles bêtes je comprends que vous devez en avoir eu plein les yeux
En un mot SUPERBE ça c’est un voyage,tu devrais venir nous le montrer à la société Zoologique je suis sur que tu aurais beaucoup de succès.Je vais en parler à Michel Jaussi notre président.
Votre blog est vraiment riche en informations, c’est super. Grâce à lui, j’ai eu un déclic. D’ailleurs je vais tout de suite en parler à mon mari et programmer un voyage à destination de l’Ethiopie. J’aimerais bien visiter cette fameuse source chaude ainsi que le parc national d’Awash. Toutes vos photos illustrent bien la vie sauvage dans ce magnifique pays, c’est le dépaysement total !!!
Bonjour à vous; Je suis très heureux si j’ai pu vous inciter à franchir le pas et vous décider à visiter ce magnifique pays qui merite plus qu’un bref séjour tant il y a de choses à découvrir. Je ne pense qu’a une chose : y retourner en octobre (2013 ou 2014!!!) après la saison des pluies pour voir le pays se teindre en vert. Si vous avez besoin d’infos, de petits trucs surtout n’hésitez pas à prendre contact nous nous ferons un plaisir de vous repondre.
Oh là là qu’est ce que c’est beau! vous avez bien fait d’y retourner! l’Éthiopie regorge de richesses, tant humaines que naturelles avec une grande diversité culturelle, et une faune et une flore incroyable. Peu de gens osent se lancer dans un voyage en Éthiopie, il reste dans leur esprit trop de craintes et d’aprioris et c’est dommage car le pays est prêt à vous accueillir à bras ouverts.
Marion
C’est toujours un vrai plaisir que de découvrir un message sympa venant d’un visiteur inconnu mais qui a pris son temps pour parcourir notre site. Je suis d’autant plus flatté que vous connaissez bien ce pays puisque vous le « vendez » j’espere qu’il sera un peu un aiguillon pour quelques uns de vos clients qui hésitent encore avant de partir. Encore merci à vous Marion.
Superbe article qui donne très envie d’aller en Ethopie, et qui pour une fois met en valeur ce très beau pays. Bravo!